C’est en 2000 que j’ai acheté mon beau XJR neuf chez Yamaha Patrick Pons. Le magasin proposait une série spéciale dénommée « XJR GT » équipée d’un carénage double optique (H1 code + H3 phare), un sabot, des roulettes Top-bloc, un support de top case Givi + le top case 36L (que je n’ai pas pris puisque j’étais déjà équipé d’un Maxia 50L) et un lèche roue arrière bien enveloppant. J’étais déjà tombé amoureux de la série XJ depuis sa création au début des années 80 mais là, on me proposait une belle routière au long cours, et je me voyais déjà sillonner les routes de France et de Navarre tel un Christophe Colomb du 21ème siècle.
Après d’âpres négociations (il faut dire que je connaissais le vendeur), je signais le chèque.
Certains membres me demandent mon retour d’expérience sur le carénage TCP, voici donc :
Protection :
- La bulle basse (43 cm)
N’ayant pas de réelle expérience en grosses cylindrées naked (ma précédente était un TDM 850 + bulle haute), je me disais que ce carénage ne pouvait qu’améliorer les choses. Après quelques kilomètres à vitesse assez lente pour sortir de Paris, j’enquillais l’autoroute A12 pour tester son efficacité à vitesse soutenue (pas trop quand même, ma moto était neuve et en rodage). J’ai noté un flux d’air au niveau du casque, et il fallait réellement se baisser pour que ce flux passe au-dessus de ma tête.
« Peut-être du à la bulle assez basse, je corrigerai ce problème en adaptant une bulle plus haute » Me disais-je.
Par contre, une fois sa position prise sur la moto, la tenue de route est vraiment très bonne ; le torse est assez bien protégé du vent, surtout hors des vitesses légales.
- La bulle haute (45 cm)
Quelques semaines après, je décidais d’échanger ma bulle basse contre la haute car j’étais assez incommodé par le vent qui me tapait directement sur la visière du casque, transformant les relevées de visière en séances de sèche cheveux dans la figure. J’échangeais donc pour le modèle haut (45 cm) proposé dans la gamme.
C’était quand même mieux ; juste à rentrer un peu moins la tête dans les épaules pour que le flux d’air passe au-dessus de mon casque. C’est avec cette bulle que j’ai fait le plus grand kilométrage, en solo comme en duo, en ballade comme en voyage. Et de penser que ce serait encore mieux un peu plus haut… car comme vous le savez, 2 centimètres, ça peut changer la vie d’un homme…
- La bulle sur mesure
En 2014, alors que TCP n’existait plus et que les bulles étaient difficiles à trouver, je tombe sur un site web français proposant des bulles identiques et conçues pour ce carénage, grâce aux matrices récupérées dans l’ancienne entreprise TCP. J’en ai fait fabriquer une « plus haute et plus large » en accord avec l’artisan qui allait essayer de conserver le maximum de plexiglas en sortie de moule. Après installation et au bout du premier kilomètre, la protection s’était considérablement améliorée, à tel point qu’un simple hochement de tête faisait passer le flux d’air au-dessus de mon casque, diminuant ainsi le bruit agaçant de mon Néotec au niveau des oreilles.
- Consommation/Vitesse
C’est avec la bulle basse (43 cm)que j’ai effectué mon unique record de vitesse (réalisé sur Autobahn) la tête cachée derrière le plexiglas. Il n’y avait aucune réaction parasite de la machine. A vitesse légale ou presque, sur autoroute et en duo, chargé de bagagerie, le comportement est vraiment bon. Aucun comportement parasite sur la moto qui trace royalement sa route vers les cieux bleus azurs.
A des vitesses normales, j’ai noté une consommation d’essence beaucoup plus faible que les autres possesseurs de XJR en me situant à 5,5/100 en conduite « cool/enroulée », et même en dessous (frisant les 5 L /100) en conduite promenade. Sinon m’a consommation sur tout types de routes et en pilotage plus énergique n’a guère excédé 6 L/100. Peut-être est-ce aussi grâce à ce carénage assez fin que ma vitesse de pointe est un peu supérieure à celles des autres XJRistes que j’ai rencontré, mais aussi supérieure à toutes ces vidéos postées sur Youtube en tapant « 1300 XJR top speed »…
Mais laissons-là la question vitesse car elle m’importe peu.
- Eclairage
C’est là que le bât blesse… Car il ne suffit pas de mettre 2 optiques derrière une vitre (en verre) pour obtenir un éclairage décent. Si le couple H1 code lenticulaire + H3 phare « spot » impressionne au premier abord, il va sans dire que la moindre équipée nocturne dans la campagne fait restreindre sa vitesse, même modeste.
Le code lenticulaire H1 dispense un faisceau large et relativement puissant toutefois, dans des teintes jaunâtres/verdâtres due à la lentille de verre. Je l’aurais aimé un peu plus puissant, mais c’est l’inconvénient des grands myopes qui veulent toujours voir encore mieux, encore plus loin, encore plus net…
Le phare « spot » H3 est quant à lui très puissant mais comme son nom l’indique c’est un « spot » et donc il éclaire loin…loin…loin…mais absolument rien sur les côtés. J’ai vite remplacé l’ampoule halogène 55W par une 100W, puis en tant que bon myope par une 130W. Le remède était pire que le mal puisque le passage du phare spot 130W en code 55W me laissait un trou noir assez troublant…avec comme principal réflexe de freiner immédiatement, comme si je rentrais dans un tunnel noir sans éclairage : vraiment très dangereux ! De plus la chaleur dégagée sous le carénage était vraiment importante.
J’ai donc décidé de remettre l’ampoule halogène 100W et de shunter le code avec le phare ; solution idéale pour éclairer loin en phare, et large avec la lentille code allumée.
J’ai ajouté par la suite un antibrouillard 55W halogène sous la tête de fourche qui me permet de bien éclairer les bas côtés.
- Fonctionnalités
De dimension assez réduite, ce carénage a néanmoins quelques petits avantages que je vous livre ici, tel une espèce de « vide-poche » derrière la bulle. J’y place souvent mes gants, ou une carte routière, un paquet de clopes…etc. Bref c’est vraiment très pratique, et tout est à l’abri quand il pleut.
Agrémenté d’une horloge digitale ou de quelque autre accessoire de contrôle, ce tableau de bord vous facilite la vie contrairement à d’autres têtes de fourche qui n’accueillent…rien.
J’ai récemment remplacé l’halogène par un double xénon, et, méthodiquement, j’ai pu placer sans trop de difficulté à l’intérieur du TDF : 2 ballasts avec leurs 2 démarreurs HT et leurs 2 boîtiers anti-erreur externes + 2 relais 12V, avec l’intégralité du faisceau idoine + une centrale strobo. Le couplage des 2 optiques xénon 35W 4200K est redoutable d’efficacité.
Conclusion :
Monté sur un XJR ce carénage améliore l’agrément de conduite de la moto pour ceux qui, comme moi, aiment rouler pour le plaisir de rouler, et n’ont pas les moyens financiers d’acheter le FJR, vaisseau Grand Tourisme de la gamme Yamaha.
Certes il est en plastique ABS, donc plus fin et plus souple que de la fibre de verre (JMV)…
Certes, on aime ou pas son esthétique, mais on ne le dit pas car son propriétaire se satisfait vite des bonnes prestations qu’il offre…
Certes…certes…certes… Je ne regrette pas de l’avoir et j’aurais du mal à entrevoir un long voyage rapide sans lui.
Après 15 années de bons et loyaux services, je vais le remplacer par un carénage JMV (dès que j’aurais trouvé un carrossier/peintre qui puisse faire de la fibre de verre + une peinture sans avoir l’impression de perdre son temps, et qui préfère faire des ailes de bagnoles car c’est plus simple, plus rapide et plus rémunérateur) car je voulais décider de changer de moto. N’ayant toujours pas les moyens d’acheter un FJR (et de toute façon je préfère de loin la ligne du XJR), j’installerai mon JMV refait à la place de l’ancien carénage et j’aurais « LA Moto Parfaite », tout en remerciant mon TCP de tous les services qu’il m’a fièrement rendu.
J’espère que cet article est assez complet et qu’il vous aura été utile. Si vous avez des questions je me ferai un plaisir d’y répondre.